mercredi 30 novembre 2016

Les démoniaques de Mattias Köping - Editions Ring

**** Chronique de Jess ****


Drogue, esclavage sexuel, meurtres, corruption, pédophilie... Au cœur d'un village qui borde l'autoroute, entre marécages lugubres et forêts profondes, un monstre se déploie.
Depuis la Souille, sa datcha située au cœur de la forêt, l'Ours dirige son clan d'une poigne de fer. Père incestueux et proxénète aux méthodes cruelles, l'ancien para ne recule devant aucune horreur pour étendre son empire criminel.
Sa fille, dealeuse et prostituée de force, trouvera un soutien inattendu auprès d'un paisible et solitaire professeur. Elle n'aura dès lors qu'une obsession : attendre froidement l'heure de la vengeance, car si personne ne se souvient de son visage, le monde n'oubliera pas sa colère.

Köping prend le lecteur à la gorge et ne le lâche plus, jouant sur tous les codes du noir : infiltration, horreur, polar...
Les Démoniaques est un livre où l'on crie, pleure, et saigne aussi. Une onde de choc étourdissante qui fait figure d'événement dans la scène du roman noir français.


mardi 29 novembre 2016

Troupe 52 de Nick Cutter - Editions Denoël

*** Chronique d'Aurélie ***

Une fois par an, le chef scout Tim Riggs emmène un groupe d’adolescents sur Falstaff Island, en pleine nature canadienne, pour trois jours de camping. Et rien de tel qu’une bonne histoire de fantômes et le crépitement d’un feu de joie pour faire le bonheur de la joyeuse troupe. Mais lorsqu’un individu émacié, qui semble tout droit sorti d’un film d’horreur, débarque sur leur camp, réclamant de la nourriture, le séjour vire au cauchemar. L’homme n’a pas seulement faim. Il est malade. Un malade comme ils n’en ont jamais vu… et dangereux avec ça.

Coupée du reste du monde, la troupe va devoir affronter une situation bien plus terrible que toutes les histoires inventées autour du feu. Pour survivre, ils devront combattre leurs peurs, les éléments, et se confronter à leur pire ennemi, eux-mêmes.


vendredi 25 novembre 2016

Des noces noires d'Arnaud Sérac - Editions De Borée

**** Chronique de Jess ****

Laure, jeune officier de police de trente-six ans, s'est promis de retrouver coûte que coûte les agresseurs de son père, policier, lui aussi, victime d'une attaque à main armée qui l'a cloué sur un fauteuil roulant. Elle fait équipe avec François, dit "le vieux", flic, veuf et désabusé, abandonné par son fils. Ensemble, ils doivent résoudre plusieurs crimes d'une rare atrocité qui ont lieu dans leur secteur. 

Les corps démembrés d'étudiants sont retrouvés éparpillés à travers la ville sans qu'il y ait un lien les rattachant entre eux, mis à part leur jeunesse, leurs valeurs, et le fait qu'ils postulaient à des petits boulots pour joindre les deux bouts. La recherche de mobile sans indice est ardue et délicate, d'autant plus que les fausses pistes et les témoignages bancals s'accumulent... La vérité n'est pas toujours celle que l'on croit et les apparences sont parfois trompeuses. 

Peu à peu, le malaise plane, le doute s'insinue et Laure ne sait plus qui croire. Le Vieux aurait-il un lien avec ces crimes ? Dans cette intrigue policière, l'auteur saisit la finesse de la psychologie des personnages et dépeint avec réalisme le milieu difficile dans lequel ils évoluent. Nous suivons tour à tour, Laure et le Vieux ; nous pénétrons leurs pensées. Ce sont deux écorchés vifs qui traînent de profondes blessures : la recherche d'un agresseur pour l'un, la quête de l'amour filiale pour l'autre.
Deux âmes esseulées en quête de rédemption.





mercredi 23 novembre 2016

La pieuvre de Jacques Saussey - Editions du Toucan

**** Chronique de Jess ****

Lisa Heslin est officier de policier judiciaire dans un commissariat parisien. Elle est aussi la fille d'un juge d'instruction célèbre, assassiné au début des années quatre-vingt-dix. Lorsqu'elle apprend que sa mère, avec laquelle elle n'a plus aucune relation depuis bien longtemps, est à l'agonie, elle met de côté sa rancoeur, saute dans un avion pour Nice et rejoint la clinique. Au même moment à Paris, ses collègues sont appelés sur le lieu d'un meurtre crapuleux : un modeste coursier parisien a été retrouvé exécuté de deux balles dans la tête. Arrive pourtant une information qui change tout : l'arme de ce crime est la même qui a servi à tuer le Juge Heslin en 1992. Pour l'équipe du capitaine Daniel Magne, supérieur et amant discret de Lisa, c'est une enquête impossible qui commence, où tous les contacts sont aussi des pièges.

mardi 22 novembre 2016

Les sept stigmates de Jean Dardi - Editions City

*** Chronique d'Aurélie ***

Paris connaît une vague de crimes sans précédent. Une jeune secrétaire, un imam, un rappeur, un assassin, un voleur... Tous retrouvés égorgés. Aucun lien apparent, si ce n'est ce mystérieux message reçu par chacune des victimes quelques jours avant leur mort. La psychose s'installe. En haut-lieu on panique, on trépigne, on menace. Au 36 Quai des Orfèvres, en plein mois d'août, il ne reste guère que le commissaire Giovanni Dell'Orso, qui ne batifole pas sur les plages. En pleine déprime, il hérite donc de cette affaire qui s'avère particulièrement délicate. D'autant que, des bas-fonds de Paris aux arrondissements les plus chics, le tueur franchit progressivement toutes les limites. Y compris celles de sa folie meurtrière...


lundi 21 novembre 2016

Génie la folle d'Inès Cagnati - Editions Denoël

**** Chronique de Jess ****


Au milieu des vignes, des fermes et des cuisines sombres, Marie attend sa mère. Quand elle ne l’attend pas, Marie court derrière elle à travers champs et chemins. Sa mère, c’est Génie la folle, cette fille de bonne famille devenue ouvrière agricole qui oppose un silence indéfectible à tout et à tous. Une silhouette mystérieuse et inaccessible que Marie poursuit inlassablement, rêvant de la faire sourire. C’est animée par cet espoir sans faille que la petite fille raconte sa mère. Porté par la voix bouleversante d’une enfant, un récit d’une beauté singulière qui consacre le talent d’Inès Cagnati.



vendredi 18 novembre 2016

Aurore de sang d'Alexis Aubenque - Edition La bête noire

**** Chronique de Jess ****

Même en Alaska, vous ne pourrez échapper aux démons du passé. En cette fin d'été, les aurores boréales du siècle ont commencé à apparaître dans le ciel de White Forest. À deux jours du pic lumineux, et alors qu'il s'apprête à réintégrer la police, Nimrod Russell voit revenir dans sa vie Judith Gibbons, une ex-petite amie. Le mari et le fils de cette dernière ont disparu sans laisser de traces...
Dans le même temps, le corps d'un homme est retrouvé à moitié dévoré par les bêtes en pleine forêt, non loin du chalet d'un milliardaire philanthrope. La lieutenante Tracy Bradshaw est chargée de l'enquête avec Nimrod. Elle va bientôt réaliser que l'enfer n'est pas qu'un mythe biblique...Après Tout le monde te haïra, finaliste du prix polar en séries 2016, une nouvelle enquête de Tracy Bradshaw et Nimrod Russell.

jeudi 17 novembre 2016

Vous n'aurez pas ma haine d'Antoine Leiris - Editions Fayard

**** Chronique de Jess ****

Antoine Leiris a perdu sa femme, Hélène Muyal-Leiris, le 13 novembre 2015, assassinée au Bataclan. Accablé par la perte, il n'a qu'une arme : sa plume.
À l'image de la lueur d'espoir et de douceur que fut sa lettre « Vous n'aurez pas ma haine », publiée au lendemain des attentats, il nous raconte ici comment,
malgré tout, la vie doit continuer.
C'est ce quotidien, meurtri mais tendre, entre un père et son fils, qu'il nous offre. Un témoignage bouleversant.

Ancien chroniqueur culturel à France Info et France Bleu, Antoine Leiris est journaliste. Vous n'aurez pas ma haine est son premier livre.


mercredi 16 novembre 2016

Autre monde : Genèse de Maxime Chattam - Editions Albin Michel

**** Chronique de Jess ****

  
Traqués par l'empereur et par Entropia, Matt, Tobias, Ambre et les leurs doivent fuir et rallier des terres inconnues pour s'emparer du dernier Cœur de la Terre avant qu'il ne soit détruit. Mais le monde souterrain qu'ils découvrent ne grouille pas seulement de dangers. Il recèle d'incroyables révélations. La guerre est proche. Les sacrifices nécessaires. L'ultime course-poursuite est déclarée. Autre-Monde s'achève et livre enfin tous ses secrets.

Entraves d'Alexandra Coin - Editions Aconitum

**** Chronique de Jess ****


Enfant, Ilario fut chahuté par ses camarades de classe et aura souffert de la rudesse de son père. Adulte, il reproduira ce même schéma de domination poussant sa femme, Emma, jusqu'à l'internement en psychiatrie.
Alternant flash-backs et scènes d'hôpital, "Entraves" décrypte un cheminement lourd de conséquences, pointant du doigt faiblesse et machiavélisme. Un roman sur la perversion narcissique, sombre, criant de vérité et diaboliquement rythmé.

lundi 14 novembre 2016

La Dame de Pierre de Xavier-Marie Bonnot - Editions Belfond

**** Chronique de Jess ****

De la famille Verdier, il ne reste plus qu'eux, Pierre et Claire, le frère et la soeur. Lui, a repris la ferme familiale, dans la vallée de Saint-Vincent, auprès de leur montagne. Elle, vit à Paris. De l'existence de sa soeur, il ne sait rien, ou si peu de choses. Simplement qu'elle lui rendra toujours visite, immanquablement, deux fois l'an, dans cette maison de famille où rien n'a changé. Mais cette fois-là, c'est différent.
Claire a des cauchemars. Toutes les nuits, elle a peur pour une certaine Vicky, et prétend qu'elle-même sera bientôt morte. Pour Pierre, l'homme de la terre, les secrets et les névroses de sa soeur ne sont que des faiblesses. Un matin d'hiver pourtant, Claire part et ne revient pas. Lorsqu'on retrouve son corps sans vie, étrangement vêtu, c'est Pierre qui est désigné comme le coupable. Pierre est seul à présent.
Lui, le taciturne qui vit reclus depuis le drame qui a brisé sa carrière d'alpiniste, aurait-il pu commettre l'irréparable ? Tant il est vrai que dans la famille Verdier les mystères et les secrets sont légions. Et qui est cette Vicky dont personne dans l'entourage de Claire ne semble connaître l'existence ? Pierre comprendra bien tard qu'elle était le secret le mieux caché de sa soeur...

dimanche 13 novembre 2016

Chacun sa vérité de Sara Lövestam - Editions Robert Laffont, Collection La Bête Noire

*** Chronique d'Aurélie ***

« Si la police ne peut rien pour vous, n’hésitez pas à faire appel à moi. » Kouplan, détective sans-papiers.

Depuis trois ans, Kouplan est en « situation irrégulière ». Sa demande d’asile a été rejetée par la Suède mais il ne peut rentrer dans son pays, l’Iran, sans risquer sa vie. Dans l’attente d’un avenir meilleur, il lui faut échapper à la vigilance quotidienne des autorités, tout en gagnant assez d’argent pour subvenir à ses besoins : ex-journaliste, il songe à poursuivre dans l’investigation. Un jour, il propose ses services sur Internet et une femme lui répond : sa fille de six ans a été enlevée. Cette enquête va le précipiter dans le Stockholm underground, ces recoins de la ville ou les clandestins sont des proies faciles pour les criminels…

Premier volet de la tétralogie Kouplan, Chacun sa vérité a reçu le prix de l’Académie suédoise des auteurs de polars 2015.


samedi 12 novembre 2016

Interview d'Emmanuel Prost

INTERVIEW Emmanuel Prost


Hello mes addicts voici pour vous une interview en 5 questions d'Emmanuel Prost qui s'est gentiment prêté au jeu et je l'en remercie grandement. 



1)     Où as-tu trouvé l’inspiration pour l’histoire de ton roman La Descente des Anges ? 

Je n’ai pas eu à chercher bien loin. J’habite Sallaumines (dans le Pas-de-Calais) depuis un peu plus de 20 ans. Sallaumines se trouvait au cœur de ce que fut au tout début du XXème siècle le plus grand drame minier européen : la Catastrophe de Courrières (un terrible coup de poussière qui fit 1099 victimes, le 10 mars 1906).

Quand je me suis installé dans cette ville, j’ai très naturellement voulu en savoir plus sur ma ville et ai emprunté beaucoup de livres dans le rayon « fond local » de la bibliothèque municipale. J’ai ainsi découvert l’histoire de ma ville. L’histoire d’une cité minière, avec cette catastrophe qui revenait irrémédiablement dans tous les ouvrages. Je me suis donc un peu plus intéressé à ce terrible événement et ai trouvé que je tenais là une histoire très forte pour tisser une fiction et la faire coller au plus près de la réalité historique. Je n’ai pas voulu faire un livre sur la catastrophe elle-même (il en existe déjà pas mal sur le sujet), mais sur les dommages collatéraux de ce drame sur diverses familles sallauminoises, et ce, sur plusieurs générations. J’ai donc décliné cela en une grande fresque minière qui allait me permettre d’inviter mes lecteurs à revisiter ce qu’était le bassin minier artésien de toute la première moitié du XXème siècle. Avec un personnage, Oriane, qui serait le fil conducteur (j’ai d’ailleurs à un moment failli appeler mon roman « Le Fil d’Oriane ») de toute cette histoire. Celle qui servirait de relais dans le récit de tous ces personnages et nous aiderait à traverser 60 ans d’histoire.
 

2)     Ton dernier roman (Kamel Léon) est totalement différent des autres. J’ai cru comprendre que tu l’avais écrit bien avant. Pourquoi ce changement de registre ?

Oui, effectivement, Kamel Léon est mon tout premier roman. J’en avais écrit une première version il y a très longtemps pour participer à un concours d’écriture (je n’avais alors jamais écrit à l’époque). Cette première version était loin d’être ce que le roman est devenu aujourd’hui. Il s’agit d’un conte fantaisiste que j’ai voulu dans un univers voisin de celui de Marcel Aymé avec son Passe-Muraille. Parce que c’était un thème qui me fascinait. J’aimais ces histoires surréalistes où le fantastique utilisé pour les traiter servait surtout de prétexte à narrer l’histoire d’un type tout ce qu’il y a de plus ordinaire à qui il arrive des aventures extraordinaires. À cette époque, je n’envisageais d’écrire que du fantastique. Des nouvelles, une pièce de théâtre, toujours dans cet esprit de La 4ème dimension, une série télé de l’époque.

Quand j’ai découvert l’histoire de la Catastrophe de Courrières, je dois bien t’avouer que ma première idée avait été de la décliner dans un récit fantastique. Mes personnages étaient des collégiens qui, en visite d’un musée de la mine de nos jours, restent coincés dans une galerie. Et quand ils en ressortent, ils se retrouvent en plein cœur de ce qu’était le bassin minier de 1906, en plein pendant la tragédie qui allait rendre Courrières mondialement connu.

Mais voilà, je ne connaissais absolument rien à tout ce qui touchait à la mine, pas plus qu’à toute cette époque du début du XXème siècle dont je voulais parler. J’ai donc commencé à faire pas mal de recherches documentaires sur le sujet. Et plus je travaillais sur le sujet, plus je réalisais que je n’avais pas le droit de le traiter avec la légèreté avec laquelle j’avais alors l’habitude de m’adonner à l’écriture. Il y avait là matière à faire un très grand roman. Une fresque prestigieuse. Je me suis donc mis à revoir la chose tout autrement. Et me suis dit : « Si je dois un jour publier un roman, un seul dans toute ma vie, ce sera celui-là, et je vais donc me donner tous les moyens pour faire quelque chose de vraiment très bien. » Et ça a été je crois la décision la plus sage de toute mon existence. Parce que j’avais conscience de tenir un sujet exceptionnel, mais aussi que j’étais bien trop jeune et inexpérimenté pour arriver à faire aboutir un projet aussi fou et lui donner la qualité qu’il méritait. Alors j’ai étudié avec grande opiniâtreté et obsession tout ce savoir que je devais faire mien pour pouvoir prétendre un jour avoir la légitimité de raconter mon histoire à travers une fiction à toute une région (je ne m’attendais pas à l’époque à voir mes récits intéresser les lecteurs et lectrices de la France entière). Il m’a fallu 19 ans pour voir mon projet aboutir. Un sacré pan de vie, quand même.

C’est donc mon parcours de vie qui m’a obligé à soudain changer ainsi de registre. Parce que l’écriture n’était au départ qu’un pur divertissement. Je pouvais me contenter de la pratiquer en dilettante. Et je pensais bien ne faire qu’une seule et unique incursion dans le récit historique. Que j’allais pouvoir me dire « Ça y est, j’ai écrit un livre sérieux, je peux maintenant retourner m’amuser. » Mais voilà, j’y ai pris goût. Et comme les lecteurs répondent présents…
  

3)     Vas-tu continuer dans les belles histoires qui se passent dans le nord avec des histoires de mineurs ou vas-tu poursuivre dans le style de Kamel Léon ? 

Tu vois, sans t’en rendre compte, en me posant la question tu apportes toi-même la réponse. Tu taxes mes histoires de gens du nord de « belles histoires ». Ce sont celles que les lecteurs aiment avant tout. Alors même si je ne m’interdis pas de sortir un peu de la catégorie dans laquelle je suis dorénavant connu et reconnu (comme je l’ai fait cette année avec la ressortie de Kamel Léon), ma priorité restera ces romans historiques du terroir du nord de la France. Parce que j’ai encore tellement de chose à vous raconter. Et puis je m’astreins à chaque nouveau roman à faire différent du précédent. Pour ne pas me répéter. Je peux donc, tout en restant dans mon univers, vous embarquer dans des registres très divers. Ma seule réelle priorité, c’est tout simplement de toujours écrire ce que moi j’ai envie. Sans me préoccuper de la tendance du moment, de ce que les lecteurs (ou les éditeurs) peuvent attendre. Le plaisir est tellement plus grand quand on arrive à faire mouche en proposant quelque chose allant à contre-courant. J’ai à chaque nouveau roman toujours eu l’impression de prendre le risque de dérouter ceux qui me suivaient jusque-là. Et à chaque fois, les lecteurs ont complètement adhéré. D’où l’importance pour moi de conserver ma totale liberté de création. Parce que c’est en faisant les choses avec cœur que j’arrive à toucher les lecteurs. Et je ne suis pas le mieux placé pour en parler, mais je dois avoir une patte, un ton, bref un style d’écriture qui me permet d’embarquer mes lecteurs dans mes récits quelle que soit leur teneur. Et ça, ça me plaît bien.

4)     Voici une question que je devrais poser à ta femme. Je suppose, au vu de tes 3 romans (La Descente des Anges, Les Enfants de Gayant, Un été 48, et même Kamel Léon, d’ailleurs) que tu es un homme romantique ? Est-ce que je me trompe ? 

Ah ah ! Le grand mystère de l’homme romantique…

Alors, très honnêtement, je ne pense pas être si romantique que cela. C’est vrai que j’aime le romantisme et les belles histoires d’amour pour ce qu’ils peuvent apporter de romanesque, mais dans la vie de tous les jours, je ne pense pas être ce qu’on pourrait appeler un homme romantique. Et je suis persuadé que si tu posais la question à ma femme, elle t’apporterait la même réponse. Voire même ça l’amuserait que je puisse être perçu comme tel.

Non, ce qui est certain, c’est que beaucoup de lecteurs relèvent dans mon écriture des signes d’hyper-sensibilité. Ça, c’est indéniable. De toute façon, être un artiste, c’est quoi ? Ni plus ni moins trouver un moyen d’expression pour mettre en relief cette sensibilité que l’on a tous au plus profond de nous. Une mise à nu, en quelque sorte. Dans la vie, tous les hommes ont plus ou moins en eux une part de féminité. Certains la refoulent. D’autres l’assument complètement. Moi, j’en ai certes une grande part. Je l’assume (et le revendique, même !). Mais ça m’est très utile. Parce que dans mes récits, ce sont bien souvent de femmes dont il s’agit. C’est vrai que, dans l’ensemble, les histoires dites « de gonzesses » m’intéressent plus que celles « de mecs ». Si tu veux voir mes yeux choper la teinte de ceux d’un merlan frit tellement je m’ennuie et préfère me déconnecter de la réalité, tu viens me parler « bagnoles », par exemple (comme aiment le faire la plupart des individus de la corporation masculine de cette terre). Le pire, c’est que quand un type te tient le crachoir là-dessus, il t’en parle comme si tu étais supposé savoir de quoi il s’agissait (« Tu vois la X37 de chez Tartention ? » ; « Ben, non ! » ; « Mais si, celle avec les jantes alu, le moteur V6 Turbo et l’autocollant Bébé à bord monté en série sur la lunette arrière ! » ; « Ben, non, toujours pas. Mais, pas grave, c’est une voiture, quoi ! Une espèce de boîte métallique avec un moteur, quatre roues et un volant !») Et là, bien souvent, mon désintérêt total pour le sujet est pris pour du cynisme de ma part. Alors que non, pas du tout. Bon, je te rassure, il y a aussi des tas d’histoires de filles sur lesquelles je décroche au bout de trente secondes. Viens me raconter dans le détail ta dernière séance de shopping, et toi aussi, tu vas vite la découvrir ma face de merlan frit.  

5)     Une anecdote concernant ta vie d’auteur ? 

Tout ce que j’écris, même si je m’appuie souvent sur des événements réels ou des personnages ayant existé, n’est que de la fiction. Or, les gens de mon proche entourage ne peuvent pas s’empêcher (comme ils me connaissent bien) de chercher qui, dans la vraie vie, m’a inspiré pour tel ou tel personnage. J’ai beau me battre, et leur assurer que non, tout n’est que pure invention (même si parfois, certains de mes personnages sont forcément nés en prenant un peu d’untel, un peu d’un autre et un soupçon d’un troisième). Mais ils me répondent toujours « Oui, oui, c’est ça ! » en affichant un sourire narquois pour bien me montrer qu’ils ne sont pas dupes. Le champion dans ce genre, c’est mon père. Je le soupçonne de ne voir en mes romans que de grandes enquêtes (enquêtes que lui seul mène) au cours desquelles le jeu est de découvrir quelles personnes de sa connaissance ont bien pu m’inspirer mes personnages. C’est terrible. Je dois donc à chaque fois faire très attention dans l’utilisation des prénoms, parce que si par malheur j’utilise celui d’un des membres de ma famille, il n’y a pour lui-même plus le moindre camouflage pour tenter de tromper mon monde.

Et le plus drôle, dans ce genre, a été une nouvelle que j’avais écrite pour mon ouvrage Concerto sur le Sornin. La toute première du recueil (une nouvelle qui s’appelait Les Semelles d’or), qui raconte l’histoire d’Anthony, un jeune homme qui, ayant quitté Charlieu (la petite ville de son enfance, dans la Loire) depuis de nombreuses années y revient pour le mariage de son meilleur ami. Pour mon père, il n’en fallait pas plus. J’ai moi-même grandi dans les rues de Charlieu, j’avais quitté la région très jeune pour ensuite n’y revenir que très peu. Donc, forcément, même si le jeune homme s’appelait Anthony, il n’y avait pour lui aucun doute, je ne faisais que parler de moi. Il a donc lu ça non plus comme un récit de fiction, mais comme un témoignage de ce qu’avait été mon enfance dans la Loire (pourtant, le jeune homme racontait comment, quand, étant jeune, il était tombé sur des chaussures magiques qui le rendaient alors imbattable dans toutes les disciplines sportives dès qu’il les avait aux pieds… Et je peux te jurer, dans la vraie vie, je ne les ai toujours pas trouvé ces foutues godasses !). Mais le pire dans tout cela (mais qui, finalement, moi, me fait le plus marrer), c’est que dans ma nouvelle, mon personnage avait à 15 ans quitté sa petite ville de Charlieu parce que ses parents étaient décédés dans un accident de voiture. Ouh là là ! Sacrilège ! Qu’est-ce que j’avais fait là ! Et il paraît que mon père n’arrivait plus à faire son marché sans s’indigner auprès de ceux qui demandaient des nouvelles de la famille que dans mon dernier récit, je l’avais fait mourir…

C’est pour ça, maintenant je ne raconte que des histoires qui se déroulent dans le nord de la France du début du XXème siècle. Parce que mon père n’y connait absolument rien sur le sujet et ne peut donc plus opérer le moindre transfert.
Esquelbecq Juillet 2016

Voici le lien vers mes chroniques des livres d'Emmanuel :

vendredi 11 novembre 2016

Hôtel Angleterre de Marie Bennett - Editions Denoel

*** Chronique d'Aurélie ***

Suède, hiver 1940. Georg est appelé sous les drapeaux. Exposée à des températures extrêmes, mal équipée, sous-alimentée, son unité se trouve à la merci d’officiers incompétents qui exposent les soldats à des risques inutiles et n’hésitent pas à leur infliger châtiments et humiliations. Lorsque cinq recrues meurent, c’est la mutinerie, et Georg est envoyé en camp de travail. 

De son côté, Kerstin, la femme de Georg, survit comme elle peut à Malmö. Les années passent, et avec elles l’espoir de revoir un jour son époux. Mais une rencontre bouleverse sa vie, celle de Viola, femme riche, belle et cultivée dont Kerstin tombe éperdument amoureuse. C’est le début d’une liaison d’autant plus passionnée qu’elle est interdite. Pourtant, aveuglée par la jalousie, Kerstin détruit ce bonheur fugace. 

Le soir de Noël 1943, les deux époux se retrouvent enfin. Pourront-ils reprendre le cours de leur existence après avoir traversé autant d’épreuves.

Un superbe roman sur l’amour, la trahison et les remords.




lundi 7 novembre 2016

Les brumes du mal de René Manzor - Editions Calmann - Levy

**** Chronique de Jess ****

  
La mère de Tom est morte. Et Tom a disparu.
Tom, mais aussi John, Michael et Lily. À chaque fois, un enfant est enlevé et sa mère assassinée.
Dahlia Rhymes, agent du FBI spécialisée dans les crimes rituels, s'’invite dans l’'enquête. Bien que Tom soit son neveu, elle ne l’'a jamais vu car elle a rompu toute relation avec sa famille depuis vingt ans. Il aura fallu ce drame pour la ramener vers les brumes inquiétantes de sa Caroline du Sud natale.
En retrouvant les marais et les chênes séculaires, Dahlia retrouve aussi Nathan Miller, un ancien gamin des rues devenu un des meilleurs flics de Charleston. Ensemble, ils se lancent à la recherche des enfants perdus, sans autre indice que le fragile témoignage d'’un jeune voisin : pour lui, Tom a été la victime d’une malédiction vaudou, car il a vu rôder autour de sa maison un shadduh, une ombre.
Une ombre qui a peut-être englouti les enfants à jamais

samedi 5 novembre 2016

La vallée des ombres de Xavier Marie Bonnot - Editions Belfond

**** Chronique de Jess ****

René Vasseur est une machine, un être au cuir épais qui a fait la guerre, qui a changé de nom. René Vasseur est un légionnaire. Après vingt ans d'absence, la haine au coeur, il revient dans son village natal, au fond d'une vallée industrielle dévastée par la crise. Peu à peu, surgissent les ombres du passé : la femme qu'il a aimée, l'ennemi d'enfance devenu flic, l'ami qui a basculé dans le grand banditisme, son père, ancien patron de la CGT locale, tyrannique et désabusé... Et le drame qui a bouleversé sa vie : la mort de son frère, Rémy, dix-huit ans, assassiné lors des grèves de décembre de 1986.
René est-il venu venger son frère ? Pourquoi ne l'a-t-il pas secouru alors qu'il en était capable ? Pourquoi a-t-il rejoint la Légion ?



jeudi 3 novembre 2016

Les dernières paroles des condamnés à mort de Stéphane Bourgoin - Editions Ring

**** Chronique de Jess ****


Réunis pour la première fois, voici les derniers mots de centaines de condamnés à mort exécutés à travers les âges et les continents depuis que la peine capitale existe. Ils ont été prononcés sous des potences, des échafauds, dans la chambre d'exécution, juste avant l'injection létale, l'électrification ou la décapitation. Le condamné est attaché, menotté ou sanglé à une civière.

Les paroles que vous allez lire sont reproduites dans leurs termes exacts et Stéphane Bourgoin livre le récit détaillé du dernier jour de ces hommes, du réveil au dernier repas, jusqu'à leur dernier souffle. Figées à l'instant crucial et fatidique, ces voix d'outretombe sont poignantes, étranges, défiantes, parfois humoristiques, mais toujours inoubliables. Certains prient, livrent des messages d'amour, d'amitié, de remerciements, d'autres demandent pardon, crient leur innocence, lancent une dernière provocation, vont jusqu'à l'ultime tentative. Quand d'autres démontrent que leur indifférence au monde ou leur haine restent inchangées.

La mort nous attend tous, au bout du chemin, mais seuls les condamnés à la peine capitale en connaissent le jour et l'heure. Bienvenue sur le dernier rivage.

Plus grand spécialiste mondial des tueurs en série, auteur d'une cinquantaine d'ouvrages traduits dans vingt langues, Stéphane Bourgoin a interviewé à ce jour plus de soixante-dix serial killers. Les dernières paroles des condamnés à mort est l'aboutissement de trente-cinq ans de rencontres dans le couloir de la mort.